Légende vendéenne

Jean-le-sot- va voir les filles :

 Ce pauvre Jean-le-Sot, un rien l’embarrassait. Et il restait toujours chez lui à aider sa mère. Il avait un frère, plus intelligent que lui, qui allait voir les filles. Un jour, il dit à Jean-le Sot :

 - Jean, tu es toujours à la maison. Si tu m’accompagnais où je vais, là-bas ? Il y a trois ou quatre filles.

 En effet, le plus souvent, les garçons allaient voir les filles à la veillée et les parents invitaient les galants à souper.

 - Oui, dit Jean-le-Sot, j’irais bien, mais je ne saurais pas quand j’aurais assez mangé si on nous invite à souper.

 Il ne savait pas quand il avait assez mangé. Il mangeait sans se rendre compte de ce qu’il mangeait.

 Eh ben, lui répond son frère, je passerai ma jambe entre les tiennes et tu cesseras de manger.

 Ils se rendent donc chez les filles. Et comme prévu, les gens commençaient à souper :

 - Eh ben, les garçons, vous allez manger avec nous.

 Les voilà à table avec eux. Ils en étaient au premier plat, quant un chien, qui furetait sous la table, faisant aller sa queue entre les jambes de Jean-le-Sot. Il crut que c’était son frère. Il cessa de manger, alors qu’il commençait à peine.

 - Mangez, les garçons, mangez ! dit le père.

 - Merci j’ai assez mangé.

 - Il ne faut pas se priver.

 - Merci, j’ai assez mangé.

 Les choses en restent là. Et ils se mettent à faire la veillée avec les filles, de l’autre côté, dans la chambre.

Dans la nuit, il vint un orage. Ah ! il tonnait, il pleuvait, il ventait.

 - Eh bien, dit la mère, mes pauvres garçons, vous n’allez pas pouvoir rentrer chez vous par tel temps. Nous avons un lit inoccupé. Vous aller coucher chez nous.

 Ils couchent chez eux. Quand tout le monde fut couché, Jean-le-Sot dit à son frère :

 - Tu as passé ta jambe trop tôt : je n’avais pas mangé à ma faim.

 - Tiens, il y a une platée de laitage de millet, là, dans le garde-manger.

 Jean-le-Sot prend du millet à pleines mains dans le garde-manger et il veut en porter à son frère. Mais au lieu d’aller au lit de son frère, il va à celui des filles.

 - Mange du millet, mon frère, mange.

 - Imbécile, tu ne vois pas que tu es au lit des filles !

 Il revient à son frère. Pendant ce temps, la fille s’éveille avec du millet partout.

 - Oh ma mère, j’ai chié au lit !

 - Oh ! veux-tu te taire, grande sale. Les garçons qui sont couchés là ! Va te laver à la pierre dehors.

 Dehors, il y avait une pierre creusée où se lavait les mains. Elle va donc s’y laver.

 Pendant ce temps, Jean-le-Sot, lui :

 - Oh ! j’ai toutes Sali mes mains avec le millet.

 - Eh bien, va donc à la cruche, lui dit son frère. Tu y tremperas tes mains.

 Il enfonce ses deux mains dans la cruche, et il ne pouvait pas les sortir. Son frère lui dit :

 - Va frapper la cruche contre la pierre qu’il y a dehors.

Tu sortiras tes mains.

 Il va a la pierre, mais il frappe sur les fesses de la fille qui était à se laver.

 - Ah ! ma mère, je ne chierai plus au lit !

 Elle croyait que c’était sa mère qui la corrigeait.

Comments

[Marylou92]

LOOOOOOOOOOOOOOOOOOL!!
ah ces vendéens ils ont le mot pour rire...N'empeche heureusement que je l'ai dégoté dans la vieille armoire ce bouquin, il a bien animé notre soirée!!